Message:
Voici un coupé collé d'un article de libé,
ca me fait un peu delirer parce que dans pas mal de jdr cyberpunk (je pense notamment a shadowrun ou cops) ou de nouvelles cyberpunk les peuples indiens reprennent un peu le dessus voirent fondent des etats autonomes
et la y'aurait un petit retour en force des indiens (note pour ceux qui ne savent pas les indiens sont traités assez souvent comme des sous citoyens avec des probleme d'alcoolisme drogue délinquance assez impressionnant de plus la permission pour eux d'ouvrir des casinos leur a fait plus de mal que de bien (corruption, pratique mafieuse etc ...) ils ont mis du temps a s'en sortir (pour les casinos)) et la ils semblent revenir j'espere que ca va se confirmer
@+
Bussiere
Big bisons
La résurrection des troupeaux dans les réserves facilite le retour des Indiens sur leurs terres ancestrales. Reportage chez les Sioux et les Cheyennes.
Par Philippe GRANGEREAU
lundi 03 mai 2004 (Liberation - 06:00)
Réserve indienne de Pine Ridge envoyé spécial
«Tatonka oya teki...» , perché sur l'une des barrières de son corral, Alex White Plume, un Sioux Lakota, entonne un chant traditionnel à la gloire du bison. Un troupeau d'une vingtaine de bêtes bistre accourt de derrière les collines voisines dans un grondement de sabots, mû par l'appel autant que par les céréales que White Plume a déposées à l'intérieur du corral. «Je veux que mes bisons deviennent forts, qu'ils soient capables un jour de retourner à la vie sauvage dans les meilleures conditions. Je ne les vaccine pas, et si l'un d'eux tombe malade, je laisse faire», dit-il en se gardant d'approcher de trop près ces extraordinaires forces de la nature, capables de charger sans prévenir. En contemplant les fourrures qui ondulent sous le soleil d'hiver, il confie : «Je fais souvent ce rêve... de voir un jour les troupeaux de bisons remplir à nouveau les grandes prairies, sans qu'aucun obstacle, aucune clôture ne vienne leur barrer le passage.»
Chaque année, White Plume tue deux bisons pour nourrir son clan, composé de 250 personnes. L'animal est abattu au fusil, «comme avant», dit ce quinquagénaire qui fut soldat de l'US Army dans sa jeunesse, basé en Allemagne pendant quatre ans. Après avoir regagné la réserve, il a reconstitué autour de lui une communauté familiale traditionnelle car il ne voulait plus être «une pâle imitation des Blancs». Ceux qui ne respectent pas les règles sont bannis : trois de ses propres fils ont ainsi été proscrits. Lorsqu'un bison doit être mis à mort, le chef White Plume choisit un jeune de son clan : «Le plus digne, le plus loyal et le plus sobre.» L'abattage est un rite auquel tout le clan participe, ainsi qu'un «homme-médecine» qui connaît «la voie des esprits». Autour du feu, les chants résonnent et le calumet passe de main en main. «Nous renouvelons ainsi l'accord passé par nos ancêtres avec le bison : nous le tuons pour que nous puissions vivre.»
Animal sacré du peuple des Plaines, et base de son mode de vie, le bison a failli disparaître. En 1870, à peine une centaine avait échappé au grand massacre organisé par les conquérants de l'Ouest. Les rescapés s'étaient réfugiés dans le parc de Yellowstone. L'histoire est connue : en tuant le bison dont se nourrissait l'Indien, l'homme blanc visait ses terres sur lesquelles des millions de fermiers se sont installés. Massacrée, décimée par les maladies, reléguée dans les réserves, la population indienne a subi un génocide. A partir des années 50, des programmes fédéraux de «relocation» (déplacement) incitaient financièrement les 1,2 million d'Indiens américains qui restaient à quitter leurs réserves pour trouver du travail en ville (1). Jusqu'au début des années 90, l'assimilation progressive des Indiens, le regroupement des bisons rescapés dans les parcs nationaux et la transformation des grandes prairies en gigantesques fermes blanches semblaient irrévocables.
Le retour des grands troupeaux
Jusqu'à cet incroyable renversement de situation : le nombre de bisons des Grandes Plaines dépasse aujourd'hui les 200 000 têtes. Même si les trois quarts font partie d'élevages commerciaux, ce chiffre était inimaginable il y a dix ans à peine. La harde de Yellowstone, la plus grande, atteint 4 000 têtes, et d'autres troupeaux à l'état sauvage ont été reconstitués ou sont en voie de l'être par de nombreuses tribus, souvent sous l'impulsion d'individus tels qu'Alex White Plume. La tribu de Cheyenne River, dans le Dakota-du-Sud, élève 2 000 bêtes ; les Crows du Montana, qui en possèdent presque autant, organisent même des chasses au bison à cheval et au fusil pour les riches amateurs qui consentent à payer des milliers de dollars pour singer Buffalo Bill. Les territoires de chasse n'étant accessibles qu'à cheval, les carcasses sont enlevées par hélicoptère.
«Ces pratiques ne sont pas condamnables, au contraire, car elles sont plus naturelles que d'amener les bêtes à l'abattoir, et il faut bien que les Indiens rentabilisent leur travail d'élevage», plaide Fred DuBray, un Cheyenne qui dirige la Coopérative intertribale du bison (ITBC), un organisme basé à Rapid City chargé de promouvoir depuis 1991 la reconstitution des grands troupeaux. «A la réserve de Cheyenne River, on a commencé à réintroduire le bison dans les années 60 depuis le parc national Custer, où il en restait un petit troupeau. L'animal n'a longtemps été utilisé que pour des cérémonies traditionnelles indiennes. En 1990, j'ai réussi à convaincre la tribu de commencer à restaurer les grands troupeaux, et désormais il y a 3 500 têtes.» Blackfeet, Sioux, Chippewas, Comanches, Shawnees, Nez Percés... cinquante et une tribus indiennes adhèrent désormais à l'ITBC. «Notre but, poursuit DuBray, n'est pas l'élevage commercial comme le pratique Ted Turner (le millionnaire possède 50 000 têtes de bison dans le Montana et le Nouveau-Mexique, ndlr). Le bison est un animal sauvage et doit le rester.» L'industrie de la viande de bison (150 000 têtes) pèse 650 millions de dollars par an, «et il est tentant d'en profiter, dit-il, mais, en élevant le bison comme une vache, on tue l'esprit de l'animal». «Le bison ne se conçoit pour nous qu'à l'état sauvage, car c'est seulement ainsi que nous ferons revivre notre culture.»
Autre bouleversement, le retour du bison va de pair avec celui des Indiens dans leurs réserves et le départ des fermiers blancs de la région. Selon le dernier recensement national, effectué en 1999, plus de 60 % des comtés «blancs» ont perdu leur population au cours des dix dernières années. La dépopulation est telle que les grandes prairies dans leur ensemble n'ont guère plus de 2 habitants au kilomètre carré, une densité qui correspond à la catégorie des «terres frontières» de l'époque du Far West. Dans le même temps, le nombre d'Indiens a crû de 20 % dans le Dakota-du-Nord et dans le Nebraska, de 23 % dans le Dakota-du-Sud, de 18 % dans le Montana. Depuis 2001, la tendance se confirme. «A Pine Ridge, témoigne John Steele, le président de la tribu des Sioux Oglalas, plus de 1 300 familles venues sont en attente de logement. Du jamais-vu !» Certes, les Indiens constituent encore une fraction de la population globale de cet immense territoire de 2 millions de kilomètres carrés qui fut jusqu'en 1803 la Louisiane française. Dans l'Oklahoma, où leur nombre est le plus élevé (272 000), ils ne constituent que 8 % de la population. Mais le fait est que jamais, depuis 1870, il n'y a eu autant d'Indiens et de bisons sur les Grandes Plaines.
«Comme un pays du tiers monde»
«L'appel de la terre ancestrale est très fort chez les Indiens. Beaucoup reviennent et nombre d'entre eux se disent fiers d'être indiens, ce qui n'était pas courant auparavant», commente Larry Bodin, un Sioux qui dirige le Bureau des affaires indiennes de la réserve de Sioux Oglalas de Pine Ridge. «Mais le fait est aussi qu'à l'extérieur, les programmes d'assistance sociale dont dépendent les chômeurs, et notamment les Indiens, se sont réduits ces dernières années. Beaucoup n'ont plus de Sécurité sociale en raison d'un chômage prolongé. Dans la réserve, en revanche, l'accès aux soins est garanti, ainsi que l'éducation et un minimum pour se nourrir.» Les Indiens fuient sans doute aussi ce «racisme latent» des Blancs, auquel même le Rapid City Journal consacrait sa une en octobre dernier. Paradoxalement, et malgré l'installation de casinos lucratifs, les réserves dans leur ensemble restent des creusets de pauvreté. A Pine Ridge, l'endroit le plus misérable des Etats-Unis, plus des trois quarts des habitants sont au chômage, et 46 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Les programmes fédéraux à destination des Indiens des réserves, mis en place suite aux traités signés au XIXe siècle (nourriture, soins, éducation, etc.), sont financés bien en dessous des besoins réels, faisant des Indiens des citoyens de seconde zone. Taux d'alcoolisme, de suicide, d'obésité, de mortalité infantile, d'emprisonnement... Pine Ridge, à l'instar de la plupart des autres réserves, collectionne les pires statistiques du pays. «Nous sommes comme un pays du tiers monde, voire pire, puisqu'un pays du tiers monde au moins est souverain», résume Bodin. L'espérance de vie vient de passer de 45 à 54 ans à peine, observe Darryl Russell, le directeur de l'hôpital de la réserve. Un chiffre accablant qui s'explique par l'alcoolisme, la pauvreté, et surtout le fort taux de diabète des Indiens. «Au moins trois fois plus élevé que la moyenne nationale», dit Russell, dont le propre frère est mort d'un diabète à 61 ans.
Une viande moins grasse que le boeuf
A cet égard, le bison est vanté comme la panacée. Avec un taux de graisse près de cinq fois moindre que le boeuf, «la viande de bison sauvage est le moyen de rendre sa santé à notre peuple», lit-on dans un prospectus d'ITBC. «A l'hôpital, nous tentons d'éduquer les gens à consommer du bison», confirme Russell, qui ne tarit pas d'éloges sur les bienfaits de cet animal. «Les Indiens, de toute façon, ne se sont jamais accoutumés au régime alimentaire européen.» Il déplore que le gouvernement fédéral continue de fournir des «commodities» ces colis de nourriture destinés aux Indiens pauvres des réserves «saturés de graisse, de sel et de féculents». «Washington, dont l'objectif a toujours été notre assimilation, écoule ainsi ses surplus, et d'un autre côté ne fait rien pour encourager le retour du bison sauvage, qui pourrait sauver des vies.»
«Mon grand-père me racontait souvent comment, vers 1870, les Blancs tuaient les quelques bisons qui restaient en tirant au fusil depuis les fenêtres du train qui passait dans la prairie ; comment ils prenaient les peaux en laissant la viande pourrir sur place. Ils voulaient nous exterminer, nous mettre à genoux», raconte Johnson Holy Rock. A 86 ans, le front ridé comme l'écorce et la bouche édentée, c'est l'un des sages de la tribu Oglala. «Mais mon grand-père racontait aussi qu'au moment où les bisons disparaissaient, un homme-médecine de la tribu avait eu une vision. Il avait prédit qu'un jour lointain les bisons reviendraient paître sur les Grandes Plaines et que tout finirait par revenir comme avant... Peut-être nos anciens voyaient-ils des choses que nous ne voyons plus aujourd'hui.»
(1) Aujourd'hui, ils sont 1,8 million, dont un tiers vit dans les réserves. |