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Un soleil pâle et froid se lève sur Villetaneuse.
C'est l'automne.
Devant la petite maison de retraite sans âme aux murs gris et aux stores défraîchis, cinq personnes soupirent.
Mamadou Dupré (Tandyys) porte beau. Sa veste marron sur un pull à motifs anglais est la preuve d'un goût sûr quoique relativement suranné. Présentateur télé de son état, son visage est d'abord apparut sur le petit écran dans des émissions culinaires avant qu'il ne trouve réellement sa voie : le journalisme d'investigation. Même s'il végète pour l'instant dans la narration de crimes sans envergures et de faits divers sordides, il croit profondément en ce qu'il fait. D'ailleurs, il écrit durant ses temps libres des romans d'espionnage et des polars inspirés de faits réels.
S’arrêter à cette courte description serait trompeur : Mamadou est un être complexe et.secret.
Tout d'abord, c'est un alcoolique luttant contre ses pulsions d'autant plus vigoureusement que la consommation d'alcool est strictement interdite par sa religion. Malheureusement, la chair est faible, sa volonté vacillante et il se trouve toujours de bonnes excuses pour s'adonner à son coupable penchant.
Plus déconcertant, il est intimement persuadé de pouvoir imiter n'importe quel accent. Cela prête rarement à conséquence mais est parfois à l'origine de profonds moments de solitudes.
il dissimule enfin la capacité étonnante de pouvoir digérer absolument n'importe quoi. Ce pouvoir, à la limite du surnaturelle n'est pas particulièrement utile mais se trouve être, contre toute attente, la raison de sa présence en ces lieux.
En effet, il a été contacté récemment par un certain Ignace, qui se faisait appeler "Le Chihuahua" (en raison de son flair parait-il) et utilisait son pouvoir de sentir les capacités des autres pour constituer une équipe de justiciers pour lutter contre le crime.
Compte tenu de son propre pouvoir, Mamadou ne se sentait pas particulièrement légitime pour faire partie d'une telle organisation mais son attirance pour les mystères et l'espoir de participer, de l'intérieur, à l'élucidation d'un crime, à l'arrestation de son auteur, lui firent accepter cette étrange proposition.
Il se retrouva donc embarqué dans cette étrange aventure avec d'étranges compagnons.
Oui, "étrange" était sans conteste le terme qui lui venait à l'esprit lorsqu'il observait les individus qui l'entouraient et dont il ne savait presque rien.
D'ailleurs, la curiosité le rongeait et il rêvait de découvrir quels pouvoirs extraordinaires pouvaient maîtriser ces super-héros modernes.
La réalité n'était malheureusement pas à la hauteur de ses illusions.
Son voisin le plus proche par exemple, est frère André-Jean de Chateauxthierry (ETN), un moine exclu de son ordre à cause de sa fascination pour l'occultisme. Il partage avec Mamadou un goût immodéré pour le vin, qu'il qualifie sobrement, c'est le terme, d'"œunologie dans sa forme quantitative". Ce sont peut être les délires obsessionnels fréquents lors de ses comas éthyliques qui sont à l'origine de sa phobie des insectes, réels ou imaginaires.
Il a en outre un autre penchant coupable, quoique moins destructeur, pour les romans à l'eau de rose en général, et la collection Arlequin en particulier.
S'il possède un réel pouvoir, celui de voler, il hésite à le mettre en avant car celui-ci ne fonctionne qu'à deux centimètres du sol et à la vitesse de la marche lente. Il en est d'autant plus frustré qu'il rumine le secret espoir de devenir chef du groupe depuis la disparition du Chihuahua.
Un petit crachin commence à tomber et instinctivement, chacun rentre la tête dans les épaules, même ceux qui disposent d'un parapluie.
Le Chihuahua est mort.
Ils ne le connaissaient pas de puis longtemps mais ça fait quand même quelque chose.
En plus, c'est tout de même une mort idiote...
Alors qu'il cherchait un nouveau membre à recruter, il avait "sentit" un homme capable d'exploser lorsqu'il disait "Nipeng".Comment l'avait-il sut ? Personne ne pouvait le dire, nul ne comprenait vraiment comment marchait ces pouvoirs. C'est aussi pour ça qu'il insistait pour accepter dans le groupe des personnes aux pouvoirs insignifiants. Pour lui, un pouvoir était une étincelle qu'il était possible d'attiser, de nourrir, de contrôler et il défendait l'idée qu'il était possible de faire évoluer son pouvoir, que ce n'était qu'une question de temps et de concentration, d'implication et de volonté.
En attendant, l'homme, incrédule, avait dit "Nipeng"... et il avait explosé, entraînant dans sa mort le Chihuahua, son pouvoir et son utopie.
[A suivre] |