Message:
"Gimme, gimme, gimme a man after midnihgt...."
Les baffles éructent du Abba à plein volume, la fourgonnette cahote dans la terre détrempée comme un quad sur une piste de cross et les occupants s'accrochent comme ils peuvent pour ne pas être précipités à terre.
Dans la lumière des phares, ils distinguent des formes au milieu du champ et foncent dans cette direction. Soudain un choc violent les fait sursauter : quelque chose à heurté le véhicule. Un deuxième choc, puis un troisième... il se passe quelque chose dehors mais ils ne distingue rien à travers le rideau de pluie.
"Cette fois il va falloir que tu y ailles.."
"Je ne sais pas.."
"Si, si, ils ont besoin de toi..."
Ils se retournent vers Sarah qui apparaît très occupée... à parler toute seule.
Finalement, elle semble se convaincre elle-même et commence à monter sur le toit par l'échelle intérieur.
Mamadou la suit et la tient pour éviter qu'elle ne tombe du toit du véhicule brinquebalant.
Elle pointe alors le doigt vers le sol et un rayon de lumière jaillit, révélant des espèces de cochons sombres et difformes aux yeux rouges qui se jettent sous les roues et contre les parois avec une rage dévastatrice.
Devant ce spectacle, frère André-Jean murmure d'un air sombre :
"A bove ante, ab asino retro, a stulto undique caveto".
Devant eux, le petit groupe de personne se distingue maintenant plus clairement.
Un homme creuse le sol, à ses coté des forces de la nature l'entourent. Ils sont grands, larges et tournent vers la fourgonnette des yeux rougeoyant.
L'un deux lève un fusil de chasse et fait feu, criblant le radiateur de petit plomb et faisant éclater un phare.
Raoul pousse un hurlement et colle l'accélérateur au plancher.
Sur le toit, Sarah vise et tire, l'homme trésaille mais reste debout. A l'intérieur, Gaétan ouvre la porte latérale et jette son marteau vers le groupe, sans résultat probant.
Frère André-Jean sort une flasque et boit une longue lampée.
"Super Trooper" résonne... c'est un signe.
Raoul chante à tue-tête et fonce, plantant littéralement la fourgonnette dans le trou, percutant de plein fouet l'homme au fusil et écrasant sans pitié ceux qui se trouvaient au fond.
Le choc est terrible. Mamadou et Sarah sont projeté à plusieurs mètres et ne doivent leur survie qu'à la boue dans laquelle ils vont se planter, amortissant leur chute.
Frère André-Jean n'a pas cette chance : entre la boue et lui il y a le pare-brise.... le choc lui enfonce profondément sa flasque d'alcool dans la gorge et il doit sa survie qu'à un vomissement violent et spectaculaire qui a, au moins, le mérite de lui dégager les voix respiratoires. Gaétan, qui était penché à l'extérieur, a le souffle coupé par le montant de la porte et la bouche pleine de gadoue.
Raoul percute lui aussi le pare brise mais sa solide constitution lui permet de reprendre rapidement ses esprits. A l'arrière, le professeur Profion est à demi-conscient :
"Je vous l'avais dis... le sceau, remettez le sceau... un mégalithe..."
Les cochons mutants ont commencé à dévorer les corps des body-builders corrompus et se désintéressent des survivants.
Nos héros en profitent pour entamer les recherches sous une pluie devenue torrentielle.
Après s'être difficilement relevé, frère Anré-Jean s'approche de la porte ouverte en titubant et jette un regard sur les corps disloqués de leurs ennemis :
"Requesciat in pace".
Il s'élance alors le poing en avant. Contre toute attente, il flotte dans l'air et poursuit sur sa lancée, tel un oiseau. Un oiseau qui vole très bas et très lentement certes... mais comme un oiseau tout de même. La vision de cet individu flottant allongé à deux centimètres au dessus du sol est surréaliste, surtout qu'il avance à la vitesse de la marche lente... mais, au moins, il ne salit pas ses chaussures dans la boue.
Tandis que deux d'entre eux courent vers la ferme, les autres commencent à fouiller les environs.
et c'est à une faible distance de là , qu'ils tombent sur une espèce de petit menhir.
Raoul l'arrache à la boue et vient le remettre dans le trou.
La terre semble gronder un instant puis le silence se fait.
Autour d'eux, les cochons ont recommencé à fouiller la terre à la recherche de tubercules et, si la pluie n'a pas cessée, l’atmosphère est moins lourde. Sans qu'ils puissent dire comment, ils le savent : la menace est écartée...
Pour l'instant.
La fourgonnette a dévastée le pentacle, le sceau a retrouvé sa place... mais comment éviter que cela ne se reproduise ? Que faire de la pelle ? Comment désembourber la fourgonnette ? Les glaces à la viande supporteront-elles cette énième rupture de la chaîne du froid ?
Autant de réponses qu'ils faudra trouver, mais plus tard...
Pour l'instant, ils avaient bien mérité de fêter leur première victoire... et Mamadou et Frère André-Jean avaient déjà leur petite idée sur la façon de célébrer ça.
"Ite missa est"... sans oublier : "Acta est fabula"... |