Message:
>Ben non, pas forcement justement... le fait meme de repondre du tac-au-tac par son nom, sans tiquer (c'est la tactic du tac-o-tac!)
sur "l'abus" de langage qu'on effectue ainsi, ca me fait penser que les gens, quand ils repondent ca, ils pensent juste a leur nom.
Ca ne veut pas dire qu'une personne qui repond ca est pour autant debile ou sans conscience de soi, mais ca veut dire qu'un
petit pas de plus vers une alienation a pu etre franchie par cette deformation de langage courante. <
En même temps, c'est une convention, la réponse qui me vient à l'esprit (version longue ou courte) n'est pas une boutade ; je ne conçois pas de raconter ma vie (ou même parler de moi) à quelqu'un qui me demande qui je suis (en fait j'ai même tendance à ne pas aimer cette question "qui êtes-vous", rien que la réponse "Catherine Six" me paraît parfois trop (euh...) significative. Mais ça dépend beaucoup des cas)
>Ce que je pense surtout, c'est que peu de gens se rendent veritablement compte de la deformation qui a ete effectuee lorsque,
par "qui etes vous / je suis" on comprend "comment vous appelez-vous / je m'appelle". <
Tout de même, en général cette question appelle une réponse plus détaillée que "je m'appelle...", en fonction des circonstances, ça peut être "Je suis unetelle, je viens chercher un sac de patates" et la personne en face n'a pas besoin d'en savoir plus.
>Finalement, on en arrive au probleme suivant: essaie d'inciter quelqu'un a se definir lui-meme, a se caracteriser, a comprendre
qui il est vraiment (sa personne, son essence, ce que tu veux, du moment que ca mene a une expression plus profonde de lui
que par un simple nom). Et bien, tu ne pourras te contenter du simple "qui es-tu" pour arriver a tes fins (parce que le gus te
repondra par son nom, c'est tout); pourtant, on sait que les questions les plus profondes sont aussi les plus simples (ou, pour
etre plus exact, que plus une question avec de la profondeur est simple, plus elle est importante). <
Et d'un autre côté, cette déformation de langage en particulier est peut-être due au fait à la fois la personne qui pose la question et celle qui répond n'ont pas forcément envie d'en dire plus.
C'est vrai que ça devient un automatisme de langage, mais ça n'entraîne pas forcément une conscience de soi moindre.
Je ne sais pas trop si c'est vrai en général mais c'est mon impression à ce sujet.
>Bref, la deformation de langage que je voulais mettre en exergue est du genre qui rend plus difficile les veritables (importantes)
"interrogations", qui est donc un frein a l'evolution personnelle (parce qu'on est formatte par la maniere dont on parle). <
En même temps, je suis en train de me dire qu'il est très difficile de conceptualiser le problème, puisqu'on (en tous cas je) essaye de le rapporter à soi, donc on se retrouve confronté aux limitations que notre propre langage implique...
J'imagine que mon langage limite ma pensée, mais je ne le réalise pas.
>D'ailleurs, tu le dis toi-meme plus haut: "j'ai du mal a l'ecrire car j'ai du mal a l'imaginer"... en fait, j'aurai envie de dire que c'est
parce que tu n'arrives pas a l'ecrire que tu ne parviens pas a l'imaginer (bien que pensee et langage deviennent indissociables a
un certain niveau (l'un ne precede pas l'autre, les deux sont simultanee et confondus)). Si un langage n'a pas prevu d'exprimer un
certain concept, ce dernier est quasiment inaccessible et il faut etendre (ou redefinir) le langage pour l'atteindre. <
Oui. En te lisant je n'étais pas trop d'accord (c'est une idée plutôt dérangeante, je trouve), mais à la réflexion, c'est à peu près ce que je viens d'écrire.
:o/
>Il me semble que tu connais David Brin; dans son cycle de l'elevation, il s'est souvent amuse a faire penser aux ET "quelle langue
barbare, cet anglique, ou l'on peut exprimer des choses completement illogiques qui ne sont exprimables dans aucun autre
langage galactique 'propre' ". <
Vivement la suite !
Cat. |