| Message:
Oui on est tous inclus dans pleins de groupes differents. Par contre je suis desolé, mais notre comportement change d'un groupe a l'autre. Ca ne signifie pas qu'on change du tout au tout, mais notre personnalite differe selon le cadre dans lequel on se trouve. Je pense que tu ne te comportes pas de la meme maniere avec tes amis, tes eleves, ta famille, tes collegues, etc... Et cette influence est loin d'etre superficielle. Elle joue sur ton niveau de detente ou de stress ressenti, sur ce que tu acceptes de reveler de ta personnalité et la profondeur des relations que tu tisses, sur ce que tu te permets et sur ce que tu permets aux autres,... Effectivement nous restons la meme personne interieurement (a moins d'etre un mythomane completement psychotique), mais l'image que nous laissons transparaitre varie plus ou moins d'un groupe a l'autre. Et ce mécanisme n'est pas une question de devoir, mais bien d'adaptation. Si les normes, l'ambiance d'un groupe ne nous plait pas, on evite generalement de le frequenter. Et si on se retrouve dans l'obligation de le frequenter malgres tout (et là ok, on tombe dans une notion de devoir), y a un fort risque de depression a la clef...
Quand à ton exemple sur le fonctionnariat, là je le trouve un peu extrême pour le coup. Car ce groupe est particulier dans le sens ou comme c'est un cadre imposé (tu peux pas quitter ce groupe-là) et comme il concerne ta paye à la fin du mois, tu a tendance à ne pas souhaiter sa disparition ou bien une profonde transformation qui le rendrait invivable a tes yeux, non?
Quand aux manies des etiquettes sur les gens, je suis d'accord, c'est extremement lourd comme attitude. Mais là encore, cet effet pervers est malheureusement humain! Plus une personne est eloignee de toi, plus tu a tendance à lui coller des etiquettes histoire d'operer des raccourcis mentaux quand tu penses à ces personnes. Sans ca, tu serais incapable d'apprehender ton environnement. Pour reprendre l'exemple des menageres de plus de 50 ans, si a chaque fois que je devais penser à cette categorie je devais reflechir à chaque individualité, je m'en sortirais pas. Donc je colle une etiquette à la con du style: toute les menageres de plus de 50 ans ont pour passion le tricot, le point de croix, et autres stereotypes du meme genre. Quand je rencontre pour la premiere fois une personne de cette categorie, inconsciemment je vais vouloir la faire rentrer dans mes cases predeterminées, et je vais me comporter effectivement comme si cette personne etait une passionnée de tricot. Ce n'est que si je la cotoie un peu plus, que je recupere plus d'info sur elle, que petit à petit je vais me creer une nouvelle case "Mme X", professionelle du surf et fervente adoratrice de Metallica par exemple. Mais pour l'instant, Mme X, meme en contradiction avec mes etiquettes, est consideree comme exception-qui-confirme-la-regle. Ce n'est que apres avoir ete invitee a son club de sport de menagere de plus de 50 ans pour un stage de cannyoning que je commencerais serieusement a revisiter mes stereotypes. Tout ca pour dire que ce n'est que lorsque l'on commence a frequenter regulierement une categorie de la population qu'on arrive a se debarasser des stereotypes courament vehiculés(les bourgeois sont reac, les ouvriers sont des cretins, les etrangers sont fourbes, etc...). Et là encore, la France n'est pas la seule dans ce cas là. Nos chers amis anglais ne nous portent pas bcp dans leur coeur et n'hesite pas a nous coller des etiquettes(sauf peut-etre depuis que la moitie de l'equipe de France joue dans le championnat anglais :)
La solidarité maintenant. Toute les etudes sociologiques montrent que les phenomenes d'exclusions sont grandissants. Au niveau conjugal: le nombre des celibataires et des familles mono-parentales a explosé. Au niveau du travail: la conscience de classe n'est plus qu'un souvenir. Au niveau communautaire: les voisins se parlent de moins en moins et les lieux de rencontres publics (parcs, bistrots) sont en voie de desaffection. Bien sur, on conserve ses amis et sa famille comme reseaux de solidarité, mais ils n'en demeurent pas moins fragiles. Quand tu te retrouves dans la merde, si comme tu l'a dis tu construis un mur autour de toi pour planquer ta decheance, c'est pas gagné pour s'en sortir. Tu peux aussi decouvrir que tes amis, finalement, ont d'autres chats a fouetter que de t'aider à t'en sortir. Avant, construire ce mur etait beaucoup plus dur, tes voisins etant generalement au courant! De plus, les liens communautaires etant beaucoup plus forts, la solidarité marchait beaucoup plus souvent. Le tout, c'etait de ne pas etre un paria parce que etranger, "mal-pensant", contestataire, etc... Donc aujourd'hui, meme si on a beaucoup moins de chance d'etre un paria, on a aussi beaucoup moins de chance de trouver de l'aide en cas de coup dur!
Pour finir, je vais prendre un exemple personnel qui recoupe a la fois ce que je dis au niveau des normes et de la baisse de la solidarité. Je faisais mon stage dans un foyer de refugies politiques, et je discutais de la notion de respect avec un jeune kosovar qui foutait le bordel. Il m'a repondu qu'il avait travaillé un mois dans un hospice en France, et au vu de la maniere dont on traitait les personnes agees en France par rapport a son pays, jamais il n'aurait de respect pour les Occidentaux. Pour le coup, je n'ai rien trouvé a lui repondre...
Dol |
Forum 
