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tiré d'une news :
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-664013@51-664208,0.html
Un juré vient de se désister et Me Jean-Yves Liénard, l'un des avocats de François Lefort, en rigole. "On a marabouté le troisième juré" , dit-il. Le sort s'acharne sur la cour d'assises des Hauts-de-Seine, où quatre jurés ont déjà fait faux bond. Au premier jour du procès, lundi 6 juin, cinq jurés supplémentaires avaient été désignés, au rôle un peu ingrat : ils suivent les débats sans participer au délibéré et remplacent les défaillants. Il n'en reste qu'un. Encore deux défections et il faudra procéder à un nouveau tirage au sort... Et reprendre le procès de zéro.
Un cauchemar pour la présidente, Sabine Foulon, dont le chemin de croix s'éternise. Elle a rajouté trois jours d'audience, a siégé samedi 18 juin, et elle peine à contenir les débats. Les 85 témoins racontent leur vie depuis le déluge, les nombreuses parties civiles multiplient les questions, y compris celles qui ont déjà été posées, les avocats se chamaillent sans cesse, et Mme Foulon pique chaque jour de petites crises d'autorité et rabroue l'avocat général, Olivier Auféril, pourtant plutôt subtil et efficace.
Malheur supplémentaire, la présidente n'entend pas très bien. La cour d'assises n'est pas la salle Pleyel (plutôt le parking de la salle Pleyel) et la plupart des témoins, sénégalais, ont un fort accent africain et vivent dans des endroits exotiques aux consonances franchement étrangères. Ainsi Mme Foulon a-t-elle renoncé à prononcer Nouakchott, le nom de la capitale de la Mauritanie, s'obstine à appeler Moussa Sow, l'un des principaux témoins, "Moussa Chaud" , voire, plus affectueusement, "monsieur Moussa" .
C'est quelquefois cocasse. L'une des parties civiles explique : "Ce qui me soulage, c'est la prière." "C'est la bière qui vous soulage ?" , s'inquiète la présidente, qui fait preuve d'une réelle fraîcheur "Il y a la télévision, en Afrique ?" Parfois, elle n'est pas loin de la gaffe : lorsqu'on lui explique que la Mauritanie est en démocratie depuis 1992. "En 1992 seulement !, répond-elle au témoin un peu gêné. Et qu'est-ce que vous appelez la démocratie ?"
Mais elle fait preuve d'une réelle écoute pour les cinq jeunes qu'elle confond toujours , qui disent avoir été abusés par le Père Lefort et semblent le vivre très mal. Ultime maladresse, vendredi 17 juin, lorsque Me Liénard s'est éclipsé par la porte des témoins pour satisfaire un besoin naturel. "Monsieur l'huissier, a ordonné la présidente, veuillez vous assurer qu'un avocat de la défense ne communique pas avec les témoins." "Vous me prenez pour qui ?, a hurlé l'avocat. J'ai trente ans de barreau ! C'est lamentable, prenez-le comme vous voudrez." Il a jeté sa robe et est parti déjeuner ; la présidente a prudemment suspendu l'audience.
Bou médusé |