Message:
>>Bou, la consommation est un moteur de la croissance.
>>L'optimisme des gens, aussi.
> C'est sur on l'a bien senti l'année précédante le 11/9 on commencait vraiment
> a pouvoir rever de 3%. Je n'ai rien contre le positivisme, j'ai une dent
> contre le fait de se pointer devant les plus hautes instances nationales et
> internationales et tabler sur une croissance de 3%. Le positivisme pour qu'il
> mache il faut qu'il se donne des objectifs realistes.
>
Les objectifs qu'ils se donnent le sont (de mémoire, 2.5% et pas 3).
Si seulement les boursicoteurs de tous poils arrêtaient de flamber
l'argent des autres pour un oui ou pour un non. Le problème principal
est là : ce qui était autrefois les moteurs de la bourse (qualité d'une
entreprise, bons résultats, etc.) sont allégrement ignorés à l'heure
actuelle.
On est dans une période de "bourse d'apparence", où ce que laisse entrevoir
une entreprise est plus important que ce qu'elle est vraiment...
Et pour contrer cela, il faut, entre autres, garder un cap et le soutenir.
Alors les capitaux reprendront leurs esprits.
Du moins, je pense que c'est la réflexion de nos dirigeants à l'heure actuelle.
Ca peut ne pas marcher. Mais en tout cas je trouve que c'est un pari
courageux.
>> Baisser les impôts, c'est une solution courageuse, qui aurait du être
>> prise par la gauche dès les premiers frémissements de crise.
>Encore une fois je ne juge que l'action du gouvernement en cours, du temps de
> jospin je critiquais l'action de jospin. Toutes situations etant differentes
> je prefere "m'attarder" sur le concret du temps present.
>
Mais c'est le principal reproche que je te fais, en fait.
On ne peut pas juger l'action du gouvernement en cours. Parce que ce genre
d'action se juge dans la durée, dans ses effets.
Personnellement, je ne commence pas à juger un gouvernement avant au moins
18 mois d'exercice, voire deux ans.
C'est aussi parce que les médias font sans arrêt référence aux côtes de
popularité, parce que les gens jugent avant d'attendre les effets, et
que les français râlent sans arrêt (et la plupart du temps sans savoir
vraiment), que les politiques "font de l'image" comme tu l'as dit toi
même.
Même les intentions, je rechigne à les juger, parce que mine de rien,
les médias (qu'ils soient de droite ou de gauche) ont une forte propention
à détourner le message et à nous rendre tout ça très flou.
>>Garder le cap malgré tout, c'est le genre de trucs qui peuvent ramener
>>l'optimisme.
> Je reprend mon image du bateau, quand on quitte le port et qu'on se mange une
> tempete des le premier soir on rentre et on reparer, on tente pas la traversé
> avec un rafio ques au depart dans l'etat dans lequel on croyait le voir à
> l'arrivée.
>
Sauf que ça fait bien longtemps qu'on n'a pas vu un port d'attache pour
l'économie française. Alors qu'on en avait un en vue dans les années
précédentes, le gouvernement précédent a préféré naviguer le plus loin
possible sans s'arrêter (et profiter ainsi de l'arrêt pour prendre les
mesures nécessaires, retraites ou fonction publique, par exemple).
Maintenant qu'on est dans le grain, c'est mieux de continuer pour en sortir
le moins mal possible que de tourner en rond, non ?
>>Foirer les 35 heures ?
>>Ah bon ?
> oui, les 35h sont completement ratés, on se retrouve avec une disparité
> nationale entre les grandes entreprises et les petites qui sont
> catastrophiques. En terme d'egalité de travailleurs ca a encore accrue les
> equarts qui etaient deja trop important à mon gout.
>
Mais parce qu'écart il y a.
Une grande entreprise n'a rien à voir avec une petite boîte d'artisanat.
C'est comme ça. Et aucune mesure n'harmonisera cela.
Je ne vois vraiment pas le problème... Ou alors j'ai mal compris ton message...
La taille permet la réduction des coûts, donc des économies d'énergie pour
les employés. Là, on peut avoir des employés qui font leur 35 heures sans
plus.
Un boulanger devra lui faire ses 12 heures par jour, puisqu'en plus de vendre,
il se charge de produire son pain. Certes, il n'y a pas photo dans la difficulté
du job en lui même.
Mais en contrepartie, un boulanger est bien souvent son propre patron...
Il y a une multitude d'emplois qui ne sont clairement pas faits pour les
fainéants. Mais c'est comme ça depuis des siècles et, franchement, je ne
vois pas de moyen 'simple' pour changer cela.
Et puis les 35h ne sont pas complètement ratés, puisque pour moi c'est réussi,
pour tes frères et soeurs dans le bancaire aussi, etc.
> Pour rappel la version de 35h de rocard consistait en une manipulation
> comptable de l'etat : augmenté le taux des charges sociales des 32 premieres
> heures et baisser celui des heures au dela de 32 de sorte que les entreprises
> qui restaient à 39h n'avaient aucun changement de leur charges sociales alors
> que celles qui passaient en 35h gagnaient pour 10 postes de l'entreprises
> l'equivalent des charges sociales du 11. (en resumé hein)
> C'etait certe different mais ca aurait pas foutu la merde dans les
> entreprises comme c'est le cas.
>
Euh, si j'ai bien compris, ça aurait arrangé les grandes entreprises quoi...
Comme ce qui a été fait en fait...
Honnêtement, je n'ai pas constaté la "merde dans les entreprises" que tu
me décris. Bien sûr il y a eu négociations. Mais au bilan, ça reste un
gain notable je trouve.
Bien sûr, il y a disparités. Comme pour tous les avantages sociaux.
>>Ben, moi, je suis aux 35 heures. Et la plupart de mes potes aussi...
> Moi j'ai l'exemple de mes freres et soeurs dans le bancaire : 10 semaines de
> congés payés ! Et de tiphaine dans la traduction : 3 jours de rtt par an et
> 1% du salaire annuel d'augmentation en gros. Ridicule. Et je ne parle pas de
> ma soeur dans le textile ou c'est tout bonnement pas appliqué.
>
> Y'a des laissés pour compte dans les 35h c'est ca que je regrette.
>
Dans une entreprise, le passage aux 35h, ça se négocie.
Pour la négociation, il y a un CE chargé de défendre les intérêts conjoints
des employés et de l'entreprise.
Je vais te citer un exemple très représentatif de ce genre de cas : la société
dans laquelle je suis depuis plus de deux ans est issu de la fusion de deux
entités: une société de service informatique et une boîte de R&D dans le
domaine militaire (une partie de Matra). Après la fusion, il y a eu négociation.
Et, Ô surprise, les représentants du CE côté Matra ont posé quelques questions
"gênantes", ont posé les problèmes comme il faut, ont exigé des documents
écrits, des garanties, etc. Alors que les ptits rigolos du CE plutôt orienté
SSII étaient prêts à "se faire tondre" (pour résumer).
Et les représentants au CE, ça s'élit. D'ailleurs, je trouve que c'est une
des élections les plus importantes, car c'est celle qui bien souvent a le
plus d'effet sur notre vie de tous les jours.
Alors, bien sûr, il y a des domaines d'activité avantagés, d'autres pas.
La restauration, le domaine médical.. D'ailleurs dans ce domaine, les
infirmières n'ont pas le droit de grève, tu le savais ?
Moi, quand Viviane (qui est infirmière) m'a appris ça, je suis resté effaré.
Parce que le droit de grève, c'est quand même un des principaux moyens
d'action des employés lorsqu'il y a pb (et dans le domaine médical, il y en
a clairement).
Mais ces droits, ils ont été conquis, à un moment ou à un autre.
>> Certains en profitent pour glander et ne font pas vraiment le travail pour
>> lequel ils sont payés. Mais, à vrai dire, c'est mon cas aussi, et pourtant
>> je suis dans une entreprise privée.
> Oui mais tu es virable si tu te fais gauler.
>
Pas vraiment.
Parce qu'il y a aussi un problème de hiérarchie derrière.
Parce que licencier un employé ça coûte parfois plus cher que de le garder.
Parce que, et surtout dans le domaine des SSII, en licencier un, c'est
ouvrir la boîte de Pandore...
Etc.
>> Jospin, en deux ans, a fait passer le FN d'un pauvre 5% suite à la friction
>> avec Mégret à 18% un soir d'élection présidentielle.
>> La gauche est la principale responsable du désastre. Qu'elle assume.
>
> Discours de droite que celui la tres cher, d'aucun rappelerons le score au
> premier tour de la droite : un des plus bas qu'on ai jamais vu pour un
> sortant. Et je ne parle pas du theme de campagne sur l'insecurité.
>
Et alors ? le thème de campagne ?
Tu vas encore trouver que c'est un discours de droite, mais franchement,
si le discours sur l'insécurité a tant porté, c'est qu'il y a quelque
part un problème non ? Que les gens en France, la ressentent, non ?
La gauche a (odieusement) ignoré ce problème, s'enfermant dans une vision
angélique de la société. Elle a enfilé des oeillères pour ne les quitter
que le 21 avril au soir.
J'ai vu un documentaire sur TLM dernièrement, sur un spectacle de rue
monté dans une banlieue lyonnaise. Le journaliste suivait une mémé qui
habitait dans une des tours. La mémé ne voulait pas sortir pour le
spectacle, parce qu'elle avait trop peur. Elle l'a regardé pendant bien
une demi heure de son balcon avant de se décider à descendre.
C'est bien qu'il se passe quelque chose, non, pour que quelqu'un ait PEUR
de sortir de chez-lui le soir.
J'ai beau ne pas être confronté au problème directement, je ne le refuse
pas. Je ne l'occulte pas. Je ne le réfute pas.
La droite a fait de même pendant la campagne (et surtout l'extrême droite,
bien sûr, puisque c'est un des axes forts de la politique pronée par le
borgne).
Quant au score de la droite, je dirais que si on totalise les voix de
droite, il y avait un score acceptable.
(au fait, pour moi, Chevènement, ce sont des voix de droites, hein)
Bien sûr, l'abstention a joué pour les extrêmes et contre les partis
républicains traditionnels. Mais le schéma n'est pas
électeur de droite devient électeur d'extrême-droite
(sauf si pour toi la droite c'est De Villiers, bien sûr ;)
le schéma est :
électeur d'extrême-gauche -> électeur d'extrême-droite
Et comme malheureusement pendant 5 ans les "gens de gauche" n'ont pas
mené une "politique de gauche", ben, le nombre de personnes versant
dans l'extrême gauche pour retrouver cette politique se sont accru.
(d'où les scores élevés de Besancenot et Arlette dont les programmes,
entre nous soit dit, valent bien celui du borgne)
>>Il n'y a qu'à voir : elle est incapable de trouver un message maintenant.
> Elle a pas de leader (attend Delanoe dans 5ans), abrutie par le fait d'avoir
> perdu alors que son bilan etait bon. Y'a de quoi ne plus savoir quoi faire.
>
Le bilan de la gauche ? bon ?
Jospin a été le premier ministre le plus cocu de la Cinquième République
(bulle spéculative, victoire en Coupe du Monde, croissance sans précédent,
etc.) et pourtant, il a fait dans l'immobilisme. La gauche a laissé la
situation lentement se dégrader (sécurité, retraites, services publics et
j'en passe) alors qu'elle avait l'occasion de faire les virages décisifs
pour la France.
De 1998 à 2000, l'économie était sur un petit nuage.
C'était là qu'il fallait en profiter pour prendre des mesures autres que
démago. Les gens étaient prêts à accepter certaines restrictions, parce qu'ils
avaient foi en l'avenir de toute manière !
Mais Jospin a laissé filer. A part les 35 heures, il n'y a eu aucun changement
majeur dans la société française.
Je rappelerai encore l'exemple des retraites, où, suite à deux rapports très
négatifs sur l'avenir des retraites en France, Jospin a... commandé un troisième
rapport qui cette fois fut positif (et qui tablait, oh rires, sur 3% de
croissance tous les ans, comme quoi)
> J'ai bcp plus de respect pour jospin quand il sortait "avant de redistribuer
> les richesses il s'agirait d'abord de commencer par en produire" que
> n'importe quel autre discours de gauche "de base". Il a manqué à jospin, un
> charisme, un sens des actions et une equipe competente mais en ce qui me
> concerne je trouve que la gestion de l'economie etait bonne. Maintenant tu as
> sans doutes une vision opposée.
>
Pour moi, Jospin est un pauvre type.
Comprends moi bien, il est sûrement très compétent. Mais sa façon se se
retirer au premier orage, à sa première réelle défaite, j'ai trouvé ça
petit, minuscule.
Et ça m'a confirmé, s'il le fallait, que ce n'était clairement pas un
type que je voulais voir à la tête de la France.
On peut dire ce qu'on veut sur Chirac qui, comme les autres, a fait des
erreurs (voire, des bourdes). Mais, lui, il s'en est ramassé plusieurs,
et à chaque fois, il s'est relevé pour y retourner.
Et les bâtons dans les roues à la Mitterrand, ça n'était clairement pas
du même niveau, quand même.
>>Parce que les réformes qu'il faut faire, elle sent bien que la droite est
>>sur le point de les faire.
> Je ne rejete pas la droite en bloc, si elle fait de bonnes reformes tant
> mieux mais je jugerai sur patte aux resultats sur l'economie du pays. Et
> c'est mal parti.
>
Juge sur les résultats, alors. Pas sur les intentions.
Parce que ce que tu es en train de faire, c'est tout de même un procès
d'intentions. Avec la manière bien française (qui, comme l'exprime JTR
aussi, est sans doute à l'origine de bien des maux pour notre pays)
Ce qu'on vit en ce moment, ce sont plus les résultats de cinq années de
gauche que ceux de six mois de droite. Attendons septembre prochain.
Là, on pourra commencer à parler des résultats du gouvernement actuel...
>> Quant au "il est mon employé", sous-entendu "il est à mon service", c'est
>> aussi un syndrôme assez frappant de la mentalité française.
>> "Je te paye" donc "tu me dois".
>
> Ah oui je plaide completement coupable là, je vois meme pas ou est le
> malaise de penser ca d'un ministre.
>
>> Après seulement un mois passé à vendre des clopes dans un tabac presse,
>> désolé Bou, mais cette mentalité là me fout la gerbe.
>
> Bah si t'etais mon vendeur de presse et que tu me faisait tomber mon magasine
> une fois sur deux au moment de me le rendre apres avoir payé tu m'aurais
> entendu gueuler.
>
J'essaye d'éclaircir ma pensée :
- si tu me gueules dessus après que j'ai effectivement jeté à tes pieds
les mags, tu auras raison.
- si tu adoptes l'attitude "maître-serviteur" avant même que j'ai servi
le magasine en question, alors là, c'est toi qui a tord.
Fais l'expérience un jour : fous toi derrière un comptoir et observe
l'attitude des clients. Entre le mec qui te jette les pièces comme si
tu faisais l'aumône, celui qui oublie de dire bonjour et au revoir,
celui qui ne sourie même pas, ou alors celui qui ne prend même pas la
peine de te dire ce qu'il veut et qui désigne juste du doigt.
A vomir, je te dis.
On peut juger un service qu'on paye.
Mais il faut attendre au moins que le service ait été rendu, avant de
le juger. Et puis on peut juger aussi celui qui le paye le service.
En tout cas, moi, je suis beaucoup plus poli et patient, depuis,
quand je vais dans une boutique.
Thom' |