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(Je suis une guerre en retard, mais comme je viens de poster ça sur mon blog et qu'on en a déjà discuté avec Morrigane, je reposte donc ici.)
Alors là , je dois avouer que j'ai été refait ! Monsieur Aja, vous pouvez vous féliciter, vous m'avez eu !
Je m'explique... Passant le week-end en célibataire, j'en profite pour mettre la main sur le DVD de The Hills have eyes (version uncut, évidemment), film que je m'étais promis de mater un de ces jours. Pour tout vous dire, je m'attendais à un bon slasher des familles, ambiance bière, chips et grosse rigolade (oui je sais, je suis bizarre). Et le début du film ne fit rien pour me détromper...
Après une scène d'intro dispensable, nous faisons connaissance de la famille Carter, victimes en devenir. Et là , on sent que le réal est français. Je n'ai jamais vu la famille typique de beaufs middle-class américaine aussi bien représentée. Tout en stéréotype, sans jamais sombrer dans les clichés lourdingues. Et moi de me dire, "Chouette, je vais adorer les voir se faire massacrer !" (je vous ai dit que j'étais bizarre)... Ah ouais, si j'avais su...
Enfin bref, je vais pas vous raconter ma vie, ni tout le film d'ailleurs. Toujours est-il que Mister Aja réussit un tour de force dans son film, celui de coucher sur la pellicule une scène d'anthologie ! Alors que le film vivote lentement durant sa première demi-heure, tout bascule dans l'horreur complète en un clin d'oeil. Cette scène est d'une brutalité rarement vue au cinéma, non pas à cause du gore (qui est franchement soft) ou de la violence extrème (deux morts par balle et un viol, pas de quoi casser trois pattes à Ruggero Deodato), mais plutôt au réalisme avec lequel Aja et Levasseur traitent leur sujet, aussi bien au niveau de la réalisation que du scénario.
Le tout tient à l'approche réaliste que Aja a appliqué à son traitement du film. Comme je le disais en guise d'intro, on est très loin des clichés habituels du genre. Pas de héros en devenir dans la famille, ou de Rambo en puissance (avec un flic dans le tas, on aurait pu craindre) juste une belle bande d'américains bien classiques. De même, pas de super-mutants aux super-pouvoirs de la rage. Non, juste des mecs malformés par les radiations et qui sont pas mal en pétard. Et le film est quasi traité comme un docu, voire (si j'osais)... un film de vacances ! Tout cela contribue à l'aura malsaine du film. Honnêtement, j'ai tout de même l'habitude de ce genre de films, mais là je l'ai pris comme un coup de poing à l'estomac.
La suite du film maintient le niveau, en renversant quelque peu les rôles du chasseur et de la proie. S'en suit une quête de vengeance qui n'est pas sans rappeller les grandes heures du western, version Peckinpah. Rien de révolutionnaire, mais du fort bel ouvrage.
Au rayon critiques, j'en ai tout de même deux ou trois, mais rien de bien grave. Je regrette un certain manque de caractérisation des mutants. On se focalise principalement sur deux d'entre eux (Pluto et Lizard), alors qu'il y en a quatre, voire cinq (Jupiter, Goggle et Big Brain) qui jouent un rôle actif dans le film. Je suis bien conscient que c'est un choix du réal et je respecte cela. Mais le problème que cela cause est que l'intervention de Jupiter en fin de film tombe un peu à plat. Faut encore se souvenir que c'est lui qu'on a aperçu une heure plus tôt, quand le père se fait avoir. Perso, je me suis surtout dit, "Mais d'où il sort, celui-là ?". Pareil pour Goggle quand il se fait bouffer par le chien. Faut-il encore se souvenir que c'est lui qu'on a vu plus tôt à contre-jour, en train de se taper un cuissot de chien...
De même, deux trois incohérences scénaristiques, genre le flic qui panique et qui vide son flingue au jugé, ou la caravane qui explose à cause d'une accumulation de gaz alors que les fenêtres sont cassées. Rien de bien sérieux, mais ça m'a fait sortir un instant du film. Ceci, on est vite repris par le train d'enfer et la brutalité viscérale de l'ensemble. En fait, je pense que si on veut ergoter, y'a pas mal de défauts, mais l'ensemble est d'une rare efficacité.
Je me dois évidemment d'aborder le fait qu'il s'agit d'un remake. Pour les deux qui ne suivent pas, l'original est de Wes "Nightmare on Elm Street" Craven. Entendons-nous bien, malgré toute la hype, Craven est un tâcheron qui a pour seul mérite d'avoir lancé une franchise à succès (deux, si on veut compter Scream). Sa filmo comporte un nombre assez impressionnant de bouses ignobles (tous ceux qui ont subi People under the stairs m'auront compris). Et je suis désolé, mais Hills version original n'y échappe pas. Le seul mérite de ce film est d'être original pour son époque. Vous en doutez ? alors rendez-vous service et retapez-vous l'original, vous m'en direz des nouvelles... Toujours est-il que le film de Aja est 100 fois supérieur à son modèle, et il faut remercier le ciel que Craven et son éminence grise Peter Locke lui aient laissé les coudées franches.
Tiens, au passage, le DVD comporte une version commentée par les susdits Craven et Locke... C'est une expérience intense de crétinerie, les deux abrutis passant leur temps à parler de l'original, à blaguer (deux trois bonnes blagues racistes, au passage) et à critiquer le film d'Aja. Le seul passage qui vaille la peine est durant la scène de l'attaque de la caravane où les deux clowns sont silencieux, cloués par l'intensité de la scène... Nouvelle preuve de l'efficacité de l'ensemble.
Je n'ai pas vraiment abordé les acteurs, mais il n'y a pas grand-chose à en dire. On a là de l'acteur de série B correct, qui abat son boulot honnêtment mais sans plus. Juste une mention spéciale pour Aaron Stanford qui fait beaucoup pour rendre le rôle crédible.
Enfin bref, un putain de bon film pour les fans du genre. Je n'irai pas le recommander à des novices en film d'horreur (un peu trop hard, sans doute), mais les habitués du genre seraient bien avisés d'y jeter ne serait-ce qu'un oeil. A mon sens, Alexandre Aja fait partie, avec Rob Zombie et (dans une certaine mesure) Eli Roth, d'une nouvelle génération de cinéastes "d'horreur", de ceux qui ont décidé de remettre sur le devant de la scène le survival flick pur et dur. Dans une époque où Hollywood nous abreuve de merdasses pour teenagers attardés (le remake de Chainsaw Texas Massacre, par exemple), ça mérite déjà beaucoup ! |
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