Message:
Tu connais le SNAFU principle? Il découle d'un principe de commu sociale: "l'information s'échange snas distortion uniquement d'égal à égal". Si la théorie te fait chier, passe directe à l'exemple pratique en bas de page (je mettrai "exemple pratique" en gras et tout)
Dans toute hiérarchie verticale, la personne au-dessus de toi est sensée avoir une meilleure vision du monde que toi, puisqu'elle donne les directions à suivre.
MAIS elle dépend des données que les personnes en-dessous lui fournissent pour établir sa vision du monde.
OR les données que la base fournit à son supérieur sont filtrées par les attentes du suscité supérieur. La force de l'autorité accentue le biais (as-tu vraiment envie d'avouer à ton boss que sa méthode ne marche pas tant que ça si ça peut te coûter ton job?).
DONC le supérieur est techniquement mal informé. Ses attentes s'en modifient selon les données qu'il reçoit (biaisées) et deviennent de plus en plus détachées.
AINSI la désinformation grimpe d'échelon en échelon, puisque chaque supérieur est le subordonné d'un autre. Au final, les directives issues de la hérarchie sont en total désaccord avec la réalité de terrain, et les subordonnés sont alors victimes de dissonance cognitive, qui est un fort beau concept sur lequel je te conseille de te renseigner grâce à Wikipedia, par exemple.
Un exemple pratique
Imaginons un directeur d'une agence gouvernementale certain qu'il se cache un méchant communiste sous chaque lit. Les consignes qu'il fera couler vers le bas seront de les trouver. Ton avancement sera directement lié à ta capacité à trouver ces fameux communistes. Or, en réalité, il y en a très, très peu, voire aucun.
Quand ton supérieur te demandes où tu en est, tu vas pas lui dire "ben, en fait, rien, queude, bredouille". Tu vas lui dire que l'enquête avance, que tu as plusieurs pistes. Lui va faire son rapport à son supérieur. Il va pas lui dire que rien n'avance: il va compiler ta déclaration et plusieurs autres, et donner à son chef l'image d'un service qui trime à mort, car le communiste est fourbe et se cache bien.
En retour, le chef va être consolidé dans son idée qu'en effet, une guerre de l'ombre fait rage, que les méchants communistes sont légions puisqu'autant de ses agents sont sur des pistes. Il va demander des résultats.
En retour, les agents vont se démener pour t'en trouver, des communistes. Maintenant, à force de chercher, on fini par "trouver"... Et le pauvre homme de terrain est coincé dans un monde où il n'y a pas de communistes mais où il en trouve. Sa perception de la réalité va changer. A force de devoir chercher des preuves, il va finir par être à moitié convaincu qu'il serait possible que... And that way lies madness.
A terme, cette agence gouvernementale est totalement coupée de la réalité, et tourne à vide. Mais tourne quand même. |